Texte de Véronique Fabre

Professeure de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Nîmes

Présentation de Christiane Caparros-Teste, Artiste plasticienne,

"Si on pouvait réduire l’œuvre de Picasso à sa quête du geste primitif, on pourrait aussi apparenter Christiane à ce geste pur, chose précieuse tant il est très difficile à atteindre.

En laissant une large marge à la spontanéité, Christiane confère à ses palmes peintes toute l’expression de la liberté et c’est là toute sa force d’expression. Je peins ton nom : liberté.

 

Il y avait un avant Campitello et un présent Campitello, où l’artiste vit et crée.

Avant les visages étaient ceux de petites filles. Maintenant masculins et matures (pas de petits garçons). Adieu l’enfance ? Non pas vraiment, même si l’on peut s’étonner dans cette excursion dans ce monde différent. Mais avant ou maintenant conservent leurs constantes : geste primitif et tendresse.

 

En effet, il y a toujours cette sensualité, cette empreinte tactile, qi se révèle dans le choix de son support (palme) notamment où les pigments acryliques s’y mêlent pour mieux en souligner les stigmates, comme une caresse qui trouverait la mémoire que la peau présente (cicatrice, ride…). Christiane y apporte une attention toute particulière.

Clin d’œil iconographique des stigmates du Christ ? « Montre ta blessure » de Joseph Beuys ? Devoir de mémoire ? Mémoire individuelle ? collective ? Pour moi, il y a tout cela regroupé.

 

Outre tout cela, quand je vois les peintres de Christiane, je pense à une émission de télévision que j’affectionne aussi, intitulée « Dans les yeux d’Olivier » présentée par Olivier Delacroix.

Ça ne s’invente pas de telles coïncidences !!! Le prénom du mari de Christiane est le fer de lance du Romantisme.

Ce journaliste pose un regard singulier sur notre société et sur ceux qui la compose, avec un profond respect et un sens de l’écoute. Chez Christiane, il y a le même regard, la même tendresse, et autant de pudeur.

« Dans les yeux de Christiane », je suis tentée de dire : il y a Olivier, car les visages qu’elle peint sont fins et allongés. Juste tentée de dire, car il n’est pas son modèle étant donné qu’elle peint spontanément des visages anonymes. Mais, dans la rubrique « coïncidences » ou « ressemblances », n’y voir aucune comparaison autre que mes propres impressions, si ce n’est que tout ceci provient du seul fait que Christiane maîtrise un langage universel. Celui des émotions. Un langage profond, sincère, qui parle à nos âmes. Ce langage qui la rapproche d’Olivier Delacroix aussi. Fin de toute comparaison, d’autant qu’ils sont tous deux très singuliers.

 

S’agissant de langage universel, j’ajouterais intemporel aussi. En effet je pense aux artistes préhistoriques qui utilisaient les parois accidentées pour mieux représenter l’animal peint.

Les palmes de Christiane offrent autant de possibilités jusqu’à y voir des cheveux ou de la barbe depuis la structure même de la feuille (appelée limbe en langue botanique). Support dont les utilisations sont nombreuses dans la fabrication d’objets, dans la construction, et dont l’huile traite les affections. Qui évoque encore dans son exploitation outrancière un réel problème écologique. Même si Christiane laisse s’exprimer un maximum de spontanéité, un tel choix de support pour peindre n’est pas anodin. Elle est le chantre du respect, de la vie, de la tendresse, en plus de la liberté.

En plus le palmier s’appelle Phoenix.

 

Les palmes de Christiane sont autant regardées qu’elles nous regardent ce qui peut être un tantinet dérangeant selon si nous avons quelque chose à nous reprocher. Les toiles de Christiane sont des témoins. Les témoins du temps, de la mémoire, des échanges, des rencontres, des blessures, des bonheurs.

Elles sont comme un test (ou Teste devient aussi tentant de l’associer aux coïncidences). Si on s’y sent à l’aise en les regardant, à saisir toute la sensualité et la tendresse, c’est qu’on a su préserver une part de notre enfance, et toute l’innocence pour jouir de ses couleurs, de ses formes."

 

Véronique Fabre - Professeure de l'Ecole Supérieure des  Beaux-Arts de Nîmes